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mardi 27 décembre 2011

La Turquie, le nouveau grand Géant ou juste opération séduction économique ?

Un Egyptien arborant une photo d'Erdogan en visite en Egypte.

Il y a quelques années, qui pouvait imaginer qu'un pays, à majorité musulmane, pourrait tenir tête à l'Europe, Israël et même USA ?

Cela faisait partie d'un fantasme collective des musulmans qui sentaient l'oppression à différentes facettes de ces trois alliés.

Puis, sans trop prévenir, la Turquie de l'AKP (Parti Justice et développement turque) se met en face de tout ce beau monde se permettant même de sortir les dents.

La première grande sortie d'Erdogan fût dans la réunion du World Economic Forum à Davos en Janvier 2009.

A cette époque, Israël menait son opération criminelle du "plomb durci" contre Gaza. Erdogan avait complètement quitté le pupitre du WEF ou se trouvait aussi Shimon Perez après l'avoir bien sermonné.

Depuis, on ne compte plus les sorties médiatiques d'Erdogan : l'évenement de la flottille turque (Marmara) vers Gaza, ou plusieurs civils turques ont été arrêtés et même tués par l'armée Israélienne était un déclic qui a poussé les bonnes relations turquo-Israéliennes vers un gouffre... mais un gouffre apparent.

La Turquie d'Erdogan avait alors annoncé un certain nombre d'actes de représailles contre l'état sioniste dont l'arrêt de la collaboration militaire et même le renvoi de l'ambassadeur d'Israël en Turquie (Octobre 2011). Et cela a été annoncé en grandes pompes.

En réalité, cette rupture n'était que passagère puisque la Turquie et Israël ont repris des relations, et il y a même eu une reprise de la collaboration militaire entre les deux états il y a quelques jours. (Ici article du Jerusalem Post du 15/12/2011).

Erdogan avait annoncé qu'il enverrait des vaisseaux de guerre turques pour protéger toute flotille se dirigeant vers Gaza (septembre 2011).
L'effet d'annonce estompé, et 2 mois après, une autre flottille s'est dirigée vers Gaza et sans les vaisseaux de guerre turque. (Soulevé ici dans un article de Haaretz).

Avec l'Europe, et surtout la France où l'assemblée générale a voté une loi interdisant le négationnisme du génocide arménien, la Turquie vient de sortir les dents en appellant son ambassadeur en France.

Un vote lui-même qui baigne dans le ridicule. L'assemblée Nationale Française est-elle tributaire de l'histoire ? A-t-elle le droit de décider quel génocide condamner ou pas ? Dans ce cas, comment être aussi sélectif et condamner un génocide ou la France n'a ne de lien ni loin ni de près ?

Pourquoi alors ne pas condamner le génocide des indiens d'Amérique, ou des Tutsis en Afrique ou des bosniaques ?

Cette affaire de séduction politique de la communauté arménienne de France a eu comme conséquence une autre opération de séduction mais cette fois-ci Turque.

Le gouvernement Erdogan a démontré encore une fois, à son électorat turque majoritairement musulman et au monde arabe qu'il était le "héros" de l'Afrique du Nord et du Monde arabo-musulman en se mettant en conflit diplomatique avec la France.

Dans le printemps arabe, Erdogan était l'un des premiers chefs d'états à visiter l'Egypte de l'après-Moubarak, il a aussi fortement critiqué son voisin Syrien pour les massacres de civils.

Mais quelques mois auparavant, Erdogan recevait le "Prix Kadhafi des droits de l’Homme" en décembre 2010.
Les attaques de l'armée turque contre les kurdes sont une monnaie si courante que l'on n'y prête plus attention.

La Turquie mène bien son opération de séduction envers le monde arabe et musulman. Et cela a un prix : la croissance économique de la Turquie qui se base essentiellement sur les exportations.

Les portes de l'Europe étant partiellement fermées pour l'économie Turque qui n'a pu accéder au statut de membre de l'UE à cause d'un blocage Franco-Allemand, la Turquie sait que ses autres partenaires économique seront la source de son développement économique.

L'opération de séduction turque s'accompagne aussi d'une séduction culturelle : les télénovelas turques atteignent chaque domicile du monde arabe.

Au Maroc, il y a une offensive des entreprises turques comme titrait le journal l'Economiste.com. Les bonnes relations officieuses entre le PJD Turque et Marocain ne sont pas un secret.
Il y aurait même eu une formation en Turquie d'un groupe de nouveaux parlementaires du PJD Marocain.

Il est évident que la Turquie d'Erdogan mène bien son jeu : Un pays qui prend une place prépondérante dans les les relations internationales. Une réalité à prendre avec des pincettes car l'avidité économique n'est pas loin.

Le Monde arabe devrait apprendre à tirer les leçons du nouveau Grand pays de la région qu'est la Turquie.

Et autant varier les partenaires et en finir avec l'Hégémonie occidentale.

Türk arkadaşlar hoş geldiniz : Mes premiers mots en Turque (Bienvenue aux amis turques, selon Google translate :)