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jeudi 14 avril 2011
Pourquoi il faut annuler Mawazine et...
Pourquoi il faut annuler Mawazine ? En effet, des voix réclament l'annulation pure et simple du festival Mawazine.
Avant de répondre à cette question en citant des sources et écrits de ceux qui veulent en finir avec ce festival, il faudrait définir est-ce que Mawazine est un festival culturel ou pas ? -Ne vous méprenez pas, on m'a bien posé cette question-
La réponse est simple : Oui, et c'est tout ce qu'il y a de plus artistique et culturel dans toute musique telle qu'elle soit.
Selon les organisateurs du mouvement d'annulation de Mawazine sur Facebook (cliquez ici pour lire le communiqué): ce festival devrait être annulé car il représente "une forme de dilapidation de deniers publics et de corruption financière."
Ils ajoutent que "le festival est un symbole de tyrannie culturelle (الاستبداد الثقافي) et de monopole artistique en imposant un type unique (ndlr:de culture) aux marocains"
Les contestataires ajoutent que "l'organisation de ce festival intervient dans un environnement qui ne correspond pas à la "logique du changement qui souffle sur la nation arabe" et que le timing qui intervient durant une période d'examens et cause ainsi la perte des efforts de toute une année scolaire."
Devrais-je dire LOL ou plutôt pleurer ?
Personnellement, je peux être d'accord sur le premier constat : celui du budget pharamineux de ce festival. D'ailleurs, j'en avais parlé il y a 2 ans en le comparant à la fable de la cigale et la fourmi.
Mais de là à imposer l'annulation pure et simple de tout un festival pour des raisons aussi ridicules me semble un crime contre le peu d'activités culturelles de notre pays.
Devrais-je répondre à ces raisons qui disent, entre autres, que puisque les peuples de la région (à savoir la Libye, la Syrie, le Yemen) se font tuer, alors que nous, nous faisons un festival ?
C'est quand même des propos tenus par l'organisateur du mouvement anti-Mawazine, qui regroupe sur sa page Facebook plus de 20.000 adhérents- sur les colonnes du journal Akhbar Al Yawm.
Si on suivait cette logique, depuis l'occupation de l'Irak ou de la Palestine nous devrions mettre tous nos drapeaux en berne et pleurer le sort de cette Oumma !
D'autres, dont un artiste très respecté, Mr Ahmed Snoussi (Alias Bziz) cité par le site DemainOnline se demande : "...mais le Maroc opprimé et appauvri a besoin d’autres choses que de chansons et de danses dont les principaux bénéficiaires sont les organisateurs."
Comme si en étant dans une crise, nous devrions-nous abstenir de toute activité culturelle.
En poussant cette logique plus loin, on se demanderait à quoi bon faire pousser des fleurs ou jouer de la musique alors que nous avons faim. Est-ce que l'un interdit l'autre ?
Mais quelle est, donc, cette logique qui justifie une telle envie d'en finir avec le festival ?
En regardant de près, et selon les organisateurs, seul 4 millions de Dhs (sur plus de 62 millions) proviennent de fonds publics et le reste vient des sponsors, publicités et billetterie.
Des sponsors dont certains sont des entreprises semi-étatiques qui donnent quasiment tout leur budget sponsoring à cet événement et en délaissant des petits festivals comme celui de L'boulevard par exemple qui cumule des dettes non-payées depuis des mois.
Certes, c'est une injustice mais qui permet au mieux de demander de mieux distribuer ces budgets sur plusieurs activités en plus du festival Mawazine.Ça, au moins, ça a le mérite de préserver une activité culturelle tout en encourageant d'autres.
En réalité, ce qui se cache en partie derrière cette doléance a été décrite par l'éditorialiste Khalid Jamaï, qui a tout simplement mis le festival dans une forme de complot makhzenien pour droguer le peuple (au même niveau que le football) mais surtout, c'est que le Festival a été initié par Mounir El Majidi.
Si certains ne portent pas El Majidi dans leurs coeurs, ils n'ont qu'à solliciter son départ mais annuler pour autant un festival qui permet à des incultes de la musique -comme moi- à passer un moment quasi inoubliable en compagnie d'artistes qu'on ne pouvait jamais recevoir au Maroc et sans débourser un Dirham directement de sa poche, est un crime culturel.
Et le pire dans tout cela, c'est qu'aucun éditorialiste (à ma connaissance et jusqu'à aujourd'hui) n'a pris le soin de défendre ce festival.
Ont-ils peur d'être accusés d'être financés par El Majidi ? Ou ont-il cédé, par pur populisme, aux voix extrêmes ?
A la limite, si on entendait cela de la part de certains religieux qui prétendent que la musique est prohibée en Islam, j'aurais pu accepter le choc de la chose, mais de là à ce que tout le monde se taise, si ce n'est applaudi ou adhère à cette vision d'annuler totalement un festival, je me dis, mais qu'est ce qui se passe ?!
Modifier l'envergure ou les dirigeants du festival, Oui, mais l'annuler totalement sera toujours un crime.