Yasmina Baddou se paie la tête de la recherche médicale au Maroc. |
La médecine, et par définition, est une science expérimentale. Une science qui sans les expérimentations serait toujours une forme avancée de boucherie humaine.
La finalité des professeurs et facultés de médecine est bien d'atteindre un niveau d'innovation nécessaire pour faire avancer la médecine.
Déjà avec le peu d'investissement public dans le domaine de la santé au Maroc, les hôpitaux de l'état relèvent plus d'un crime contre l'humanité qu'un service à la communauté : tout être humain ayant travaillé dans ces conditions, pourra vous raconter des anecdotes dignes des pires films d'horreur.
Je vous laisse imaginer quel apport de l'état, non plus seulement dans la médecine, mais dans l'innovation en médecine !
Un apport nul ?
Non, il est négatif.
Avec l’avènement de Yasmine Baddou, avocate de formation, nièce du premier ministre, femme du patron de l'ONE, qui est frère du ministre des affaires étrangères... (longue histoire) a pris plusieurs décisions qui renvoient la pratique de la médecine au Maroc à des siècles en arrière.
Yasmina Baddou avait décidé en 2010 d'interdire toute acte de recherche médicale au Maroc ! En d'autres termes, toutes les dernières nouveautés en matière de pratique médicale sont interdites aux marocains par décision de Mme la Ministre.
Les médecins qui font de la recherche et qui essaient de développer leur pratique -en copiant souvent sur ce qui se fait de mieux ailleurs- devront attendre que Madame la ministre se décide de ré-autoriser la recherche médicale.
Voici un exemple qui met bien en valeur la dangerosité de cette décision de notre chère ministre :
Le cancer du rein est l'un des cancers les plus mortels au Monde. En cas d'extension de la tumeur vers d'autres régions du corps (nom médical : Métastases), la vie du patient se compte en semaines.
Sauf qu'en 2005, une équipe médicale -qui fait de la recherche, pas comme chez nous- allemande, a réussi à développer un nouveau procédé qui entraîne une forte régression des tumeurs -et donc une chance de survie- chez 6 patients sur 20.
Une révolution dans la vie des cancéreux qui se voyaient condamnés à une mort certaine. Sauf que ce nouveau procédé doit être testé dans plusieurs pays, puisque génétiquement, un européen est différent du maghrébin qui est différent de l'asiatique.
Cela nécessitera des millions de dollars d'investissement et au moins une dizaine d'années avant que ce procédé soit utilisé partout dans le monde.
L'équipe allemande qui réalise ce projet, a donc choisi plusieurs pays dans différentes régions du monde. Le Maroc était la destination d'excellence pour ces recherches puisque le Maroc a de très bonnes équipes en matière de cancérologie et urologie (chirurgie du rein).
Une étude qui devait se réaliser avec une cinquante de patients en fin de vie : qui n'ont plus aucun espoir de traitement ou de survie. Biensur, ces recherches se font avec leur approbation et les patients sont pris en charge en totalité par ceux qui financent l'étude.
Sauf que non, ces 30% de patients qui auraient pu être sauvés ne seront pas Marocains, par décision de la ministre.
Depuis l'indépendance du Maroc, des centaines si ce n'est des milliers de projets de recherche ont été entrepris au Maroc. L'état n'en finance quasiment jamais, les médecins et leurs équipes se dirigent vers des fonds de soutien ou des fonds privés.
C'est ainsi que plusieurs maladies inconnues en occident mais qui sévissent sous nos cieux, ont trouvé de bons traitements développés par de "simples médecins" Marocains.
Aujourd'hui, la ministre dans un élan populiste et soutenu par les organes médiatiques très proches du camp Istiqlal se fait la défenseure des Marocains contre les méchants médecins qui gagnent de l'argent en testant de nouveaux procédés sur les rats de laboratoire Marocains.
Elle rapportait sur les colonnes d'Assabah que sa décision d'interrompre toute forme de recherche au Maroc est motivée par son envie de bloquer "les médecins chercheurs sans scrupules qui s'associent avec les laboratoires privées pour tester de nouveaux traitements sur les malades".
Elle prétend que des projets de recherche sont illégaux, alors que j'ai en main des documents qui portent la signature du ministère de la santé, autorisant ces recherches que je mettrai en ligne si nécessaire.
Maintenant, l'association de la princesse Lalla Salma de lutte contre le cancer, vient de signer un accord avec le laboratoire de médicaments, Roche, et la faculté de médecine de Rabat pour la formation de médecins aux pratiques de la recherche médicale.
Selon le communiqué relayé par la MAP, cette collaboration permet de franchir "une étape complémentaire dans le développement de la recherche, conformément aux hautes directives royales relatives au développement des sciences et de la recherche dans notre pays"
Alors ! Madame la Ministre osera elle décrire l'association de Lalla Salma comme étant non scrupuleuse puisqu'elle s'associe avec un laboratoire privé -Roche- comme elle l'a fait avec les médecins ?
Madame la ministre osera elle bloquer encore la recherche médicale au Maroc, alors que l'association Lalla Salma et les directives royales l'encouragent ?
Ceci si on oublie l’intérêt des patients, et le développement de la médecine au Maroc !
C'est ce que nous allons voir dans un prochain épisode.
P.S : Je suis médecin, qui a initié une partie de la recherche médicale de haute-technologie dans mon pays, le Maroc.