I) Tensions entre le Maroc et l'Espagne sur les frontières de Melilia :
Depuis quelques mois, aux frontières des villes occupées par l'Espagne (Sebta et Melilia), des manifestations de Marocains ont fait l'actualité sur les journaux espagnols.Des manifestations qui font suite à des accusations Marocaines à l'encontre de la Police des frontières espagnole pour des actes violents envers des Marocains qui traversaient la frontière.
Cette tension a été accentuée après que la garde civile espagnole a abandonné des migrants subsahariens sur les cotes Marocaines.
Il s'en suit des manifestations pacifiques d'associations Marocaines avec la participation d'une dizaine de ressortissants subsahariens devant les représentations espagnoles au Maroc et un blocus des marchandises Marocaines en partance pour Melilia durant une journée.
Le Ministère des affaires étrangères Marocain convoque l'ambassadeur espagnol et lui transmet des questions et des requêtes précises sur les raisons des agressions de la police Espagnole contre les Marocains.
Du Coté espagnol, un journaliste qui se présente comme étant un spécialiste du Maroc sur le journal Espagnol El Pais, joue sur des notes populistes largement anti-Marocaines. Ignacio Cembrero connu au Maroc pour avoir réalisé un interview du Roi Mohamed VI est devenu la référence espagnole en "Analyse du Maroc".
Regardons de près ce que dit ce Monsieur sur les colonnes d'El Pais à propos du Maroc.
II) Comment Cembrero déligitimise l'action Populaire Marocaine ? Il décrédibilise les associations Marocaines.
Pas plus tard qu'hier, sous le titre "Activisme sociale ou Provocation violente", Mr Cembrero remet en doute (subtilement, avec une manière d'écrire que je décrirai plus bas) l'honnêteté des associations Marocaines qui réalisent ces manifestations.
Il laisse entendre que ces associations sont toutes de connivence avec les services secrets Marocains et cite une action durant laquelle ces associations auraient agressés des hauts responsables espagnols qui étaient en visite -à pied- à leurs homologues de la douane Marocaine du poste frontalier de Melilia. Et il rajoute : "L'Espagne n'a pas protesté contre le Maroc pour cet incident."
Mr Cembrero caresse subtilement le populisme espagnol (qui traite les Marocains de Los Moros à connotation péjorative et souvent discriminatoire) en nourrissant ce populisme par "L'espagnol civilisé et los Moros inculte et dénué de civisme".
Note :
Si le Maroc a protesté contre l'Espagne c'est parce que les actions entreprises contre des Marocains ont été réalisés par des Corps des services de sécurité espagnols (et donc officiels) et non par des simples citoyens espagnols.
Alors que dans le cas du malheureux incident d'agression physique envers les officiels espagnols aurait été réalisé par des CITOYENS Marocains et non des "Officiels Marocains".
III) Selon Cembrero, les raisons de ces tensions sont tout sauf légitimes puisque les Marocains n'agissent que sur "commande"
Dans un autre article daté du 14 aout, sous le titre "la pointe de l'iceberg", Mr Cembrero parle des raisons derrière le déclenchement de ces tensions entre le Maroc et l'Espagne par "ces Marocains".
Il écrit : "Il est difficile de croire que le ministère des Affaires étrangères Marocain a découvert tout à coup, le 16 Juillet, les abus qui se produisent pendant des années, et des deux côtés, à la frontière de Melilia."
Biensur, (comme le décrit Cembrero) sans aucune note de désolation sur les éventuelles agressions espagnoles et puisque ces Abus sont si anciens, le Maroc ne devrait pas réagir aujourd'hui, puisqu'il n'a pas réagi auparavant selon lui.
Il pousse sa logique plus loin en disant que la cause de ces tensions sont le survol d'un hélicoptère de l'armée Espagnole d'une résidence Royale au Nord du Maroc.
Subtilement -encore-, il démontre au lecteur espagnol que les Marocains ne sont pas des personnes qui peuvent être motivés par un bon sens, mais seulement car ils sont guidés.
Note :
Si survoler une résidence royale est une cause de colère à la fois des officiels Marocains et aussi des Marocains, ceci n'est que la goute qui a fait déborder le vase.
Mais que Mr Cembrero sache que le Vase était bien rempli avant et qu'une bonne partie des Marocains sont en colère contre l'Espagne pour différentes raisons :
- L'occupation des terres géographiquement et historiquement Marocaines -Sebta et Melilia- (il suffit de voir une carte pour le comprendre) mais défendu par Cembrero comme le prouve cette lettre adressée au Magazine Jeune-Afrique.
- L'impartialité des journalistes espagnols envers la question du sahara (j'en parlerai plus bas)
- et surtout que l'Espagne -à travers son histoire coloniale au Maroc- a causé et cause toujours des problèmes à tous les Marocains.
IV) La Méthode d'écriture Cembrero : Insinuer, faire parler des personnes peu crédibles au Maroc -peu connus en Espagne- et tout cela cadre dans une phobie Marocaine.
La manière d'écrire de Mr Cembrero est très simple : Il insinue subtilement sans trop mettre le point sur son avis, fait parler des personnages (qui sont rarement crédibles) et simplifie au maximum le Marocain comme étant un être qui ne peut agir par sa propre volonté.
D'ailleurs, dans ce dernier article su 14 aout, il cite Ali Anouzla -rédacteur en chef de l'ancien journal Marocain Al jarida Al Oula-.
Si bien Anouzla a le droit de spéculer sur la cause de ces tensions, l'usage que fait Cembrero des déclarations d'Anouzla n'est pas anodin : Cembrero prouve -par un jeu d'écriture subtile- encore une fois aux espagnols que les Marocains ne peuvent pas agir de leur propre chef et que toutes ces manifestations sont commandités.
Comme pour s'en réjouir, Cembrero finit un de ces nombreux articles de la Semaine "Contre" le Maroc en disant :
Comme cela s'est produit en 2002 lors de la crise de l'îlot de Persil (ndlr: le rocher de Leila), la presse algérienne a été le premier en ligne avec l'Espagne contre le Maroc."
Cembrero se réjouit que la presse Algérienne (connue pour ses éditoriaux haineux contre les Marocains comme celui-là et surtout par un niveau bas de liberté d'expression par rapport au Maroc dans le classement RSF).
C'est comme si un éditorialiste Marocain se réjouissait d'un éditorial d'un nationaliste Anglais sur la question de Gibraltar (sous souveraineté anglaise et réclamée par les espagnoles) sur des tensions entre l'Angleterre et l'Espagne ! Avec une nuance près : L'éditorial Anglais est de loin plus crédible qu'un éditorial Algérien.
Le fameux adage est de mise chez Cembrero : l'ennemi de mon ennemi est mon ami.
V) Cembrero : tout est bon pour nourrir le populisme Espagnol y compris la partialité.
Pour prouver -à ses lecteurs espagnols- que ces tensions sont commandités par le pouvoir Marocain, Cembrero cite, dans un autre article, un officiel espagnol qui dit que les textes critiques du gouvernement Marocain envers l'Espagne ont disparu du site de la MAP (l'agence de presse officielle du Maroc) après l'entretien téléphonique entre le Roi Juan Carlos et le Roi Mohamed VI !
Même si la MAP n'est pas LA référence en matière de journalisme au Maroc, cette action peut être un signe d'apaisement et de respect envers l'intervention du Roi Espagnol. Une envie d'enterrer la hache de la guerre !
Mr Cembrero qui se targue d'être un expert du Maroc n'a pas mentionné et durant toute la semaine, le cas de Mr Moustapha Salma Ould Sidi Mouloud, inspecteur général de la police du Polisario, qui a déclaré cette semaine être favorable à la proposition Marocaine de large autonomie du Sahara.
D'ailleurs, aucun journaliste espagnol n'a été présent lors de la conférence de presse de Mr Ould Sidi Mouloud. Et biensur, aucune information dessus sur les médias espagnols.
Alors que Mr Ould Sidi Mouloud a été traité de traitre par le porte parole du Polisario.
Note :
Biensur, parler de ce énième cas de dissidence dans le camp du Polisario ne sert en rien le populisme anti-Marocain qui règne dans une bonne partie de la société espagnole, nostalgique de ce Sahara espagnole (le Sahara occupée par l'Espagne) qu'elle a quitté précipitement à cause des Américains.
Et puis, comment expliquer le retard -en mois- d'accréditation du nouvel ambassadeur du Maroc en Espagne qui n'est autre qu'un ex-grand dirigeant et créateur du Polisario ?
J'avais posé la question à Mr Xavier Vidal-Folch (directeur des rédactions d'El Pais) en off après notre débat Radio au Maroc : Pourquoi vous ne citez que les informations pro-polisario ?
Ce Mr m'avait répondu : Les journalistes espagnols ne retrouvent pas les informations du coté Marocain, donc ils sont obligés de prendre les informations issus du Polisario.
Ce que ce Mr avait oublié de me dire probablement, c'est que les journalistes espagnols n'écriront rien qui soit à l'encontre du populisme espagnol régnant.
Les journalistes espagnols gagnent leur vie parfois en bafouant les règles d'impartialité surtout envers un ennemi Marocain, présent sur leurs terres (présenté comme étant une menace contre la main d'oeuvre espagnol en temps de crise) et qui veut récupérer ses terres qui ont été occupées par la force de l'arme lorsque le Maroc était faible.
Aujourd'hui, ces journalistes devront comprendre que la réalité géographique fait que Marocains et espagnols devront toujours vivre ensemble. Une simple enquête diligentée par les Espagnols sur ces accusations Marocaines auraient pu baisser le niveau de ces tensions.
Mais Non, le jugement est déjà près et sans enquêtes : La Faute ne peut être que de la part de ces Marocains, Los Moros, les incultes.
La prochaine fois qu'un incident éclatera entre le Maroc et l'Espagne, nous prouverons par a+b et d'une manière civilisée, que les Marocains sont tous concernés par l'occupation de leurs terres par "Notre voisin Espagnol".